Les élèves du Prix littéraire ont eu le plaisir de rencontrer l’auteur de Devenir Carver au salon du livre le samedi 31 octobre.
Julie Haddad remettant le Prix Littéraire des Lycéens du Liban à Rodolphe Barry pour son roman Devenir Carver – Salon du livre francophone de Beyrouth – octobre 2015
Après un échange avec Rodolphe Barry, des élèves du Grand Lycée, du Lycée Verdun et du Lycée Nahr Ibrahim ont lu des extraits du roman. Puis, Camille Berger, membre du jury, s’est exprimé au nom de ses camarades pour justifier leur choix. Enfin, Julie Haddad, présidente du jury, a remis le trophée à Rodolphe Barry.
Le mot de Camille Berger, élève de 1ère L au Grand Lycée Franco-Libanais et membre du jury 2015
Jeudi 7 mai 2015. Cela fait plus de dix ans que des élèves de plusieurs établissements, douze à présent, lisent, débattent et votent. Au cours de l’année, il est donné à chacun la liberté de lire autant que voulu les six livres proposés, de partager ses impressions lors de plusieurs rencontres entre établissement, parmi d’autres passionnés de lecture, et finalement, lors du débat final, et sous la condition d’avoir lu tous les livres, d’élire celui à qui l’on attribuera le Prix Littéraire des Lycéens du Liban.
Sur la liste de la dixième édition se tenaient des récits personnels, historiques, des témoignages de misère, de guerres passées, d’inégalité et de conflits. Il y avait aussi un nom, deux mots, qui racontaient le combat d’un homme contre ses propres faiblesses et contre le sort, pour faire connaître sa plume et marquer la littérature de son pays.
Devenir Carver, Rodolphe Barry, une biographie-roman d’un des mythes de la littérature américaine, qui suit la vie de l’écrivain à travers le style de son coup d’œil perspicace. De sa tendre jeunesse jusqu’à la découverte de son cancer du poumon, en passant par la lutte contre son alcoolisme, les problèmes de famille, les naissances et les deuils, les phases d’écriture intenses et les moments de misère, la confrontation avec son éditeur, et enfin, le succès, puis la mort, le livre retrace, proche de son protagoniste, la vie riche en expériences de Raymond. C’est l’histoire d’une vie d’écrivain, une vie difficile par moments, laborieuse, finalement récompensée et clôturée par une fin éclatante.
Pourquoi ce livre est-il lauréat du Prix Littéraire? Pour le sujet, pour un hommage à un écrivain. Aussi pour ce tour de force de nous attacher à ce personnage, dont on sent encore la présence une fois le livre refermé. Pour ses citations, des conseils instructifs. Pour nous avoir fait partager les ombres de l’alcool qui tourmentent une vie, le malheur de ceux qui n’ont plus rien. Pour nous avoir fait écouter le bruit d’une machine à écrire qui remontait la pente. Pour sa fin lumineuse, qui parvient à guider le lecteur dans la même position d’esprit que Carver. Pour avoir réussi à intéresser le jeune public au genre de la biographie, qu’on juge trop souvent, à notre âge, et à tort, d’ennuyeux. Après tout, une vie n’est pas une aventure emplie d’imaginaire et d’héroïsme, mais elle n’en reste pas moins une œuvre, et, dans le cas de Ray Carver, une œuvre qu’a réussi à retranscrire Rodolphe Barry à travers un travail digne d’admiration.
C’est donc ce livre que nous avons choisi, un livre écrit pour nous faire, le temps de le lire, devenir Carver, rencontrer cet écrivain que l’on connaît trop peu sur l’autre rive de l’Atlantique.
On ressort de cet univers avec en tête l’idée d’aller lire Furious Seasons, et pourquoi pas en anglais. C’est avec un petit papier à côté de soi sur lequel s’alignent une série de conseils à l’écrivain qu’on l’abandonne. Un livre qui donne soif de lecture. Un livre qui donne aussi soif d’aventure, celle de l’écriture.